Marion Blanc

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L’Arête I

Samedi 6 août 2016

Réveil en douceur et à deux à l’heure.

Préparation du premier sac à dos.

Une dernière vérification et me voilà partie pour le parking de Vernant. J’enfile mes toutes nouvelles chaussures de rando en priant pour qu’elles ne me détruisent pas les pieds en 5 minutes. Départ à 10h45 du parking, direction le lac de Vernant pour commencer. En s’arrêtant au bord du lac, on se retrouve entouré de montagnes. Le panorama est stupéfiant. On se sent si petit et si vivant en même temps.

Je commence l’ascension de ce qui est, en temps hivernal, une piste de ski appelée Dolomites. Mon rythme est lent et régulier. Je laisse le temps à mon corps de s’adapter à ce nouvel environnement. Entre la pollution parisienne et le manque d’oxygène en altitude, il y a un monde. Je me surprends à ne pas cracher mes poumons comme un fumeur invétéré. La dernière fois que j’ai fait cette randonnée, ma condition physique était bien moins bonne et j’ai bien cru que j’allais y rester. Cette fois-ci tout se passe pour le mieux.

12h10 j’arrive aux Grands Vans à 2200m d’altitude. La vue est merveilleuse. Les nuages sont de la partie, mais cela rend la montagne un peu mystérieuse. Je passe sous l’arrivée du télésiège qui en plein été ressemble à un manège abandonné. Je cherche du regard le début la sente que je veux prendre mais je ne la vois pas. Je descends en zig-zag pour essayer de l’attraper du coin de l’œil.

Après quelques minutes, je m’engage sur ce tout petit chemin qui permet d’accéder à la randonnée que je préfère au monde. Il se développe sur l’arrête d’une montagne, comme la colonne vertébrale d’un dragon. Le chemin est étroit, pierreux, escarpé. Il a le don de casser mon rythme avec ses petits passages accidentés et ses montées raides et subites. Au début de ce sentier, il y a un trou dans la roche assez important. À travers on aperçoit le lac de Vernant qui se trouve bien plus bas. Je continue mon travail d’équilibriste à travers ce paysage majestueux. Le temps s’arrête. La voix dans ma tête se calme enfin. Je suis seule.

Après une heure de promenade sur le dos du dragon, je tombe sur une plateforme avec des bonbonnes de gaz pour les avalanches. Je peux enfin me poser pour manger. La contrepartie de naviguer sur l’arrête d’une montagne est que le sentier est étroit et entouré soit par une végétation dense, soit par le vide. Pour casser la croute, c’est un peu compliqué.

Je dégaine ma salade en regardant la montagne de l’autre côté de la vallée. Quelques randonneurs passent en dessous de moi sur le petit chemin.

Je n’ai pas envie de repartir tout de suite, je me sens bien sur mon perchoir. Je sors Voyage au bout de la nuit de Céline que j’avais emporté avec moi et suis avec une attention distraite les aventures de Bardamu quittant les Etats-Unis.

14h. Il est temps de repartir. À peine 50m plus loin, j’attaque un raidillon qui me fait apprécier d’avoir mangé léger. Je vadrouille encore un peu et arrive au « Pas de l’Ecureuil ». C’est un passage un peu difficile qui consiste tout simplement à désescalader des roches avec pour seul matériel une chaîne à gros maillons fixée sur les rochers et les arbres. Ensuite, je traverse une petite prairie (que l’on peut largement appeler prairie après avoir passé plus d’une heure sur un sentier de 30cm de large), et après la prairie, la forêt. Il est temps de redescendre.

A cause des pluies récentes, le sous-bois est assez glissant. Je regrette de ne pas avoir pris au moins un bâton de randonnée.

Le bruit de la route en contrebas commence doucement à me parvenir. La réalité réapparaît. Encore une vingtaine de minutes et j’aurai retrouvé ma voiture. Je passe par des sous-bois presque rigolos ; submergée par la végétation avant de reprendre une piste plus large.

15h30 mon petit tour est fini.


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